Il peut en aller des ruptures comme de l’assoupissement, une longue agonie de la relation, avec soi ou avec les gens jusqu’à l’éclatement de la crise. Est-ce le terrible sort réservé aux candidats à l’élection suprême que de perdre pied avec la fonction présidentielle en acceptant de se soumettre au jeu du « Dab », étrange gestuelle dont la signification échappe probablement à ses auteurs, signe de ralliement au « peuple », sans savoir duquel il s’agit ?
Le sort s’acharne-t-il lorsque face à Karine Lemarchand, ils sont contraints de dévoiler un passé composé, entre histoire personnelle et son interprétation huilée et dessinée par le marketing politique ? (Le délitement de la fonction présidentielle : une crise insoluble ? page 5)
Certains pourraient penser que cette sujétion télévisuelle est l’unique moyen pour les candidats de se rapprocher des gens. Ou tout du moins de feindre l’absence de rupture avec eux.
Alors même que leur train de vie est bien au-dessus de celui de la moyenne des Français (La crise de la représentativité, page 2), suffisamment pour ne pas leur permettre de connaître le prix de denrées courantes, piège bien connu auquel ils se préparent.
Pendant que s’affiche ce jeu délégitime sur les écrans, la réalité des prix, du coût de la vie est une bataille quotidienne pour nombre de Français qui vivent en dessous du seuil de pauvreté, rompus au jeu moins distrayant du bouclage des fins de mois (Qu’est-ce qu’« être pauvre » en France ?, page 4)
Peut-être pourrions-nous compter sur la presse et sa volonté de conserver son rang de quatrième pouvoir, mais elle-même semble être déchirée entre informer et divertir (La crise de l’information et de la profession journaliste, page 10), entre la volonté de « mettre la plume dans la plaie » et celle de satisfaire ses instincts du marketing de survie.