Il est difficile de donner une définition exacte de la pauvreté. Quelles sont les conditions nécessaires de ce qualificatif ? Est-ce un seuil de revenu ? Quelle est la part du budget accordée aux besoins vitaux ? Les analystes ne réussissent pas encore à s’accorder sur une définition claire et précise de cette notion.
Selon l’INSEE, un individu est considéré comme pauvre lorsqu’il vit dans un ménage dont le niveau de vie est inférieur au seuil de pauvreté. Ce dernier étant déterminé par rapport à la distribution des niveaux de vie de l’ensemble de la population. La France privilégiant un seuil de 60% de la médiane des niveaux de vie. En 2014, ce dernier était de 1008 euros.
Par conséquent, on peut constater que les prestations sociales, dans un Etat-Providence pourtant généreux comme la France, ne peuvent pas protéger efficacement contre la précarité. En France, l’allocation incontournable, le Revenu de Solidarité Active (RSA) s’élève entre 535,17 € et 1 123,86 € (en fonction du nombre d’enfants à charge). Selon le baromètre annuel publié mardi 24 janvier par Familles rurales et La Croix, le prix du panier moyen pour 35 produits du quotidien (boissons, biscuits, produits laitiers, lessive…) a atteint 136 euros par personne en 2016, soit un niveau quasi stable par rapport à 2015 (135,59 €), soit à lui seul 25% du pouvoir d’achat d’une personne au RSA. Soit une partie non négligeable de son budget. D’après la Loi d’Engel, la proportion consacrée aux dépenses alimentaires diminue au fur et à mesure que le revenu augmente et inversement. Ce qui démontre la gravité de la situation.
Autre besoin de base, le logement. Selon le site d’annonces spécialisé LocService.fr, en 2014, le loyer mensuel moyen en France, charges comprises, s’est élevé à 614 euros pour une surface moyenne de 47 m². Soit 79 euros de plus que le montant du RSA pour une personne seule sans enfant. Le RSA à lui seul, ne serait donc pas suffisant à s’assurer d’avoir un toit. Certaines allocations, comme les APL, permettent de contribuer au budget logement des personnes précarisées, mais leur obtention n’est pas automatique, notamment pour les personnes seules sans enfant à charge (l’ALS et l’ALF notamment).
Selon une étude dirigée pour l’Observatoire BFM Business et publiée en janvier 2014, 31 % des 1055 personnes interrogées affirment avoir des revenus insuffisants pour boucler leur budget (ils étaient 22 % l’année précédente). Un Français sur cinq avouerait également devoir puiser dans ses économies pour boucler son budget et devrait faire appel à une aide extérieure, voire contracter un crédit. Mais un manque de ressources de la sorte oblige à faire des choix, et notamment à faire des concessions, souvent au détriment de leur santé. Selon le baromètre Ipsos/Secours Populaire publiée en septembre 2016, les personnes les plus pauvres font l’impasse sur leur santé, qui leur sert de variable d’ajustement budgétaire. En effet, parmi les Français dont le revenu mensuel net est inférieur à 1.200 euros, la moitié a repoussé, voire même annulé, une consultation chez le dentiste (+22 points par rapport à 2008), et 4 Français sur 10 en ont fait de même avec l’ophtalmologiste. Aussi, 64% déclarent avoir eu du mal à payer des actes médicaux, quand bien même ils sont remboursés par la Sécurité sociale. 48% des ménages les plus modestes admettraient également avoir du mal à avoir une alimentation saine, et 53% à se doter d’une mutuelle. Pire encore, ce report de soins médicaux indispensables touche également les enfants: 12% des ménages français ont déjà renoncé et/ou retardé des soins dentaires pour leurs enfants et 10% des soins optiques.
Selon l’Observatoire des Inégalités, célèbre site-web alimenté par des spécialistes de la question de la précarité, la moitié des personnes en situation précaire ont moins de 30 ans. La même proportion dispose au maximum du brevet des collèges et plus d’un quart vivent au sein d’une famille monoparentale. Le portrait-robot d’un(e) Français en situation précaire serait le suivant : plutôt jeune, vivant en famille, peu diplômé, ouvrier ou employé.
Premier constat, l’obtention d’un emploi ne protégerait pas de la pauvreté. L’assurance d’un salaire n’était pas une condition sine qua none à la possibilité d’un confort de vie décent.
Cependant, inactifs et chômeurs représentent à eux seuls 71 % des personnes pauvres. Une partie de ces inactifs sont des personnes découragées de chercher du travail, face aux mauvaises conditions d’emploi. Un grand nombre de chômeurs, notamment les plus jeunes, ne disposent que de très faibles indemnités de chômage, bien inférieures au seuil de pauvreté.
Mais, toujours selon l’Observatoire des Inégalités, la pauvreté ne concerne pas seulement les actifs. 1,8 million de pauvres sont des enfants et des adolescents : ils représentent 36 % de l’ensemble des cinq millions de personnes pauvres. Des « enfants pauvres », qui seraient pénalisés par le revenu de leurs parents, malheureusement insuffisants. Les jeunes adultes (20 à 29 ans) représenteraient 16 % des personnes pauvres. Il s’agit souvent de jeunes peu qualifiés, en difficulté d’insertion sur le marché du travail, au chômage et mal indemnisés. Les plus de 60 ans sont moins souvent concernés. 3,3% d’entre eux sont en situation précaire et ils représentent un dixième du total des personnes vivant sous le seuil de pauvreté. Le chiffre paraît faible mais leur situation n’en est pas moins grave : une partie de ces personnes, notamment en milieu rural, survivent avec de très bas revenus et il est très peu probable que leur situation évolue, contrairement à celle des plus jeunes.
N.C